
Sus, je te découvre pour être honnête et si mes informations ne sont pas éronnées tu commences la guitare à 13 après un accident de skateboard ???
En fait je jouais déjà un peu de guitare avant mais oui, tu as raison, j’ai cet accident et je me suis cassé le bras ! Je me suis donc mise à jouer bien plus que d’habitude vu que je n’avais rien d’autre à faire ! Cet accident, c’est finalement peut être une des meilleures choses qui me soient arrivées dans ma vie !
Il y avait donc déjà une guitare à la maison en tous cas ! Et pourtant tu n’es pas issue d’une famille de musiciens, tu as commencé directement avec l’électrique ?
Non ma famille, clairement, n’était pas musicienne, c’est une famille très conservatrice tu sais ! Bref, c’était un vrai challenge pour moi. Et oui étonnamment j’ai commencé de suite par l’électrique même si je me suis rapidement portée sur l’acoustique aussi.
J’ai vu que tu étais fan de Blink-182 et Green Day à cette époque ?
J’étais archi fan ! Et c’est peut être pour ça que j’ai commencé à jouer ! J’ai vu pour la première fois Blink-182 sur MTV et c’était wow ! Ce sentiment d’être contre les règles dans une période où j’avais besoin de me libérer tellement j’étais timide. Tu ne peux pas savoir le bien que ça m’a procuré ! Comme une libération de ma personnalité, je découvrais à ce moment là qu’il y avait moi et ma guitare.
Timide oui et pourtant il y a un mot qui te caractérise depuis que tu as commencé à jouer, et il est de toi c’est « sans peur ».
Oui c’est une contradiction mais dès les premières fois devant du monde ça a toujours été sans stress et sans peur. Je sentais que je pouvais être quelqu’un, exister avec la guitare comme un bouclier ! La musique a fait tomber ma timidité, je pouvais m’exprimer, ma voix portait.


Si je te donne juste un nom : Leonardo Guzman, qu’est ce que ça t’inspire ?
Il est un personnage très important pour moi parce qu’il était le premier guitariste que j’ai vu venant de Colombie qui était au niveau des guitaristes que j’admirais, (qui étaient tous des musiciens professionnels) c’est la première fois que j’ai vu un guitariste, virtuose, qui avait tout et qui venait de Colombie ! Pour moi c’était très important de voir qu’il y avait une vraie opportunité, que c’était possible que tu viennes de Colombie, d’un pays si petit, que c’était possible d’être au niveau des géants. J’ai pris des cours avec lui, j’ai ouvert mon esprit, mes yeux, mon mental, pour me dire ok c’est possible je viens de Colombie mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas être au niveau de tout le monde ! Il faut absolument que tu le contactes pour l’interviewer !
Je n’avais jamais entendu parler de lui avant de faire quelques recherches sur toi et j’avoue avoir pris une baffe monumentale !
Raison de plus pour le mettre en lumière ! Je ne le crois pas très connu en Europe ! Mais clairement, wow j’ai encore actuellement besoin de quelques cours supplémentaires avec lui pour devenir meilleure !
Après le concours Kiesel Guitars où tu arrives 5ème sur plus de 5000 participants, te voilà partie pour New York où tu intègres la fameuse Collective School of Music de New York, était ce lié ?
Pas du tout ! En fait après le concours j’ai passé une audition vidéo pour l’école. Tu sais à ce moment là, j’étais toujours à Medellin, je jouais un peu partout, des bars, des fêtes et j’avais l’impression d’être au sommet de ce que je pouvais faire ! Mais j’avais cette sensation que je ne pourrais continuer de grandir qu’en partant. Et je suis prise et ressors diplômée au final ! Je découvre New York, c’est une ville magique. Tu sais j’avais un peu peur au départ, et finalement c’est la meilleure décision de ma vie !
Peut être aussi parce que New York, ce n’est pas vraiment les US, mais plutôt le monde non ?
C’est une ville incroyable ! Tu trouves toutes les cultures, toutes les nourritures, toutes les musiques ! Et c’est une telle effervescence... Il se passe tellement de choses, tellement d’événements culturels, mais il y a aussi une culture de l’excellence, tout le monde a envie d’être le meilleur, c’est une énorme stimulation ! Les gens ne sont pas là par hasard. Pour moi, avec les années que j’ai passées là bas, c’était un apprentissage quotidien, chaque jour était une leçon, tu apprends et si tu apprends bien tu survis ! J’ai réussi au final et donc j’ai fini par rester là-bas, j’ai pu obtenir mon visa de travail, et je suis restée !
Quand as tu eu tes premiers contrats ? Comment est-ce que ça a commencé ? Parce que tu es une fille colombienne, tu es venue à New York, et on t’a vu jouer avec Karol G. Tu fais ton premier concert au Coachella, tu as 25 ans, quelque chose comme ça ?
Avant de m’installer à New York, j’avais déjà travaillé, mais c’était un changement très différent de la Colombie à New York, différentes musiques, différentes chansons, différents styles. Donc quand je suis allée à New York, mon premier objectif était de faire du gig, ou de rencontrer des musiciens avec qui j’aurais pu jouer.
J’ai commencé à rencontrer des gens un peu partout, et j’ai rencontré deux personnes, des grands musiciens qui travaillent à New York, et ils adoraient la façon dont je jouais, ils m’ont beaucoup aidée, ils m’ont connectée avec tout le monde ! Ils m’ont mis dans tellement de gigs, tu ne peux pas imaginer ! C’était comme une école, parce que chaque jour, tu dois trouver les chansons rapidement, les tones, utiliser tes oreilles, parce que tu ne connais pas les chansons, parce que c’était tout à la demande, donc on jouait, et il y avait des gens qui demandaient des chansons, et beaucoup de chansons, je ne les connaissais pas, donc j’ai dû les trouver sur le fil, donc pour moi, c’était très important de les rencontrer, et à partir de là, de rencontrer beaucoup de musiciens, de créer ce réseau, et ça m’a amenée à autre chose. J’ai rencontré beaucoup de gens à New York, par exemple, Benson, c’est grâce à ma rencontre avec son directeur artistique qui bossait chez Broadway et il m’a recommandé David Cook, qui venait de rejoindre Taylor Swift, et j’ai travaillé avec lui ! C’est lui qui m’a mise en contact avec Benson... S’ouvrir aux gens, c’est une des clés à mon sens.

En revenant à Karol G, j’ai compris que l’un de tes objectifs était de jouer avec Beyoncé, et à ce que j’ai lu, elle t’a dit : « tu veux jouer avec Beyoncé, mais je vais être la prochaine Beyoncé » est-ce que c’est vrai ?
(rires) C’est très vrai, je me souviens qu’elle m’a vraiment inspirée, parce que j’ai vu qu’elle venait aussi de Colombie, de la même ville ! Je l’ai regardée et je me suis dit, je veux ça ! Karol G a été une inspiration parce qu’elle avait raison, et elle le faisait avec tant de sincérité et de convivialité ! C’était un moment précieux !
Si je ne me trompe pas, tu viens à peine de fêter tes 30 ans non ? Deux Coachellas, dont un avec Brian May avec Benson Boone cette année, deux plateaux des Grammy Awards... Mais qu’est-ce que je peux encore te souhaiter ?
Je veux jouer au Superbowl ! Et faire le tour de tous les endroits où je n’ai pas encore été ! Je veux faire des tours en Asie, en Australie, en Nouvelle Zélande, mais plus que tout continuer à tourner. Tu sais mon objectif c’est juste de me réveiller chaque jour et être heureuse, et être satisfaite de ce que je fais, et ça n’a au final rien à voir avec le fait de jouer dans des stades ! Je suis plus heureuse en faisant des choses simples dans la vie. Coachella c’était génial, mais je me demande déjà ce qui est à venir... Continuons, continuons, continuons !
Article paru dans le numéro 373 de Guitar Part.
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