Ça saute immédiatement aux yeux : la Ranger VI VR eq possède bien, comme à l’époque, le fameux manche raccordé à la caisse à l’aide d’une plaque et de quatre généreuses vis, façon Telecaster. Celles-ci viennent s’arrimer dans un gros bloc d’acajou placé à l’intérieur de la caisse pour assurer la connexion entre les deux pièces maîtresses de la guitare. Avec sa tête en fronton, le logo « bloc » rapporté, les mécaniques bain d’huile à boutons imitation ébène, de gros repères de touche divisés en deux, le manche embarque 21 cases dont 14 hors caisse. Tout cela est bien réalisé, c’est propre, précis, et joli à voir. Autre détail historique, la présence d’un sillet en métal et d’une frette zéro, ce qui induit une sonorité caractéristique lors du jeu sur cordes à vide. Le cache d’accès au Truss Rod en acier s’inscrit lui aussi totalement dans le côté très rétro de cette Eko. À l’image du look, le profil du manche dégage lui aussi des saveurs de jeu « à l’ancienne » ! Plutôt rondouillard, il donne la sensation d’une pièce assez généreuse alors qu’on ne dépasse pourtant pas les 44 mm de largeur au sillet. En l’absence de pan coupé, il faudra faire preuve de souplesse pour aller gambader dans les espaces les plus aigus du diapason de la Ranger. Les lignes du chevalet sont restées généreuses, occupant une large surface sur la table en épicéa, associée à une caisse en sapellé ; point de massif ici, mais des matériaux lamellés. La rosace scintille, particulièrement mise en valeur par le vernis brillant à la teinte Sunburst et par la plaque de protection en métal, typique de la Ranger originale avec ses lignes généreusement dessinées.
Elle va grandir
La sonorité acoustique est inscrite dans la pure tradition du genre avec un grain quelque peu cristallin, des réminiscences Martin se détachent légèrement dans les registres haut-médiums et aigus lors du jeu en arpèges. En rythmique, cette Eko produit un son compact au sein duquel rien ne dépasse. Gageons que cette guitare bénéficiera d’une maturation bienveillante qui lui permettra de gagner en ampleur sonore, ce qui lui fait tout de même défaut pour le moment, mais au prix affiché, les prestations demeurent loyales. Cette guitare est équipée d’un système électro Fishman Sonitone GT1 ajustable en tonalité et en volume. Une petite égalisation externe pourra s’avérer très utile pour obtenir une courbe un peu plus attrayante. C’est donc un sans-faute ou presque pour cette guitare imaginée et dessinée en Italie il y a près de 50 ans, réactualisée et désormais fabriquée en Chine afin de retrouver sa place dans le grand magasin mondial de la guitare folk. À moins de 300 euros, voilà une opportunité à prendre en compte...
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