Pour qui aurait des interrogations légitimes, la belle Squier Baritone a un format qui se positionne entre la guitare et la basse VI. Visuellement, son allure est conforme au gabarit de la Jazzmaster, avec son corps asymétrique typique, mais son manche est plus grand. Elle affiche un diapason de 30'' (762 mm contre 648 pour le diapason d'une Stratocaster) et, s'il faut bien la considérer comme une guitare, son manche la rapproche des basses dites short-scale. Esthétiquement, sa robe noire du corps jusqu'à la tête (très bonne idée de Squier) sera très appropriée pour naviguer dans les bas-fonds. D'ailleurs, tout l'accastillage est noir, des mécaniques aux boutons de réglage, en passant par le sélecteur, la plaque de protection (avec son fin liseret blanc), ou encore l'entrée jack de type Strato, qui sera plus évidente à utiliser avec un jack droit. Point de vibrato, mais un chevalet noir, très basique et stable, qui pourrait éventuellement faire l'objet d'un remplacement pour un modèle plus sécurisant question réglages.
Bass in black
Une fois la bête branchée, on retrouve le grain d'origine, mais avec plus d'assise dans le bas du spectre, tirant de cordes oblige. Si l'accordage d'une guitare baryton est souvent en Si (B) avec des cordes plus grosses, celle-ci est accordée en La (A), avec un tirant de cordes 0,14-0,68, qui va probablement perturber un peu plus votre manière de jouer, car la position en Mi fait entendre un La... Le manche plus long va aussi nécessiter un effort supplémentaire. Pour retrouver le jeu sur le Mi traditionnel, il faudra poser un capodastre sur la septième case... Rien ne vous empêchera de changer pour un accordage en Si, ou de mettre un tirant moins fort avec un petit réglage du manche. Cependant, le grand intérêt d'un tel instrument est de s'aventurer dans les limbes des fréquences basses chantantes et pleines d'harmoniques avec des aigus percutants, tout en ayant la sensation de jouer une guitare intrigante. La paire de micros Duncan Designed fait le job aux mieux de ses possibilités. Avec son timbre profond et les résonances produites, cette Baritone devient très créative en arpèges et en riffs, en usant (voire même en abusant de pédales de Reverb, de Chorus et autres modulations). Cette guitare atypique et très inspirante sera un outil supplémentaire pour les adeptes du post-rock, de la new wave, du shoegaze vaporeux ou de la pop expérimentale, des adeptes qui s'amuseront sans doute avec la position intermédiaire des micros, celle-ci étant la plus expressive, avec ce petit twang caverneux quand on attaque avec le médiator. En poussant la recherche dans la nuance avec plus d'exigence, on arrive parfois aux limites de ces micros, qui deviennent un peu brouillon dans les hauts aigus et les basses fréquences. Mais quoi qu'il en soit, pour un prix accessible, la Squier Jazzmaster Baritone fait bonne figure et sa saine lutherie pourra toujours accueillir des micros plus performants.