Quasi trentenaire, même si toujours relativement confidentielle dans nos contrées, Bacchus incarne une certaine idée de la lutherie japonaise de haut vol avec une fabrication à la main dans son atelier de Matsumoto. Mais la marque nippone a diversifié son offre avec plusieurs gammes : entre les modèles Universe, « bon marché » et fabriqués en Chine (500/600€ environ) et les instruments Handmade luxueux mais onéreux, les Global Series, dont fait partie cette six-cordes, viennent se positionner en milieu de gamme (la production étant assurée dans un atelier indonésien)... Les finitions de cette Windy Breaker s’avèrent impeccables et le modèle est équipé d’un manche en érable torréfié, procédé décidément très en vogue actuellement. Sous une finition satinée, son profil est assez neutre, ni trop fin ni trop épais. On remarque également un sillet Graphtech en Tusq ou encore un réglage de truss rod en accès direct à la base du manche. Pas mal...
Surfistiquée
Entre les créations de luthiers ou marques boutique et les expérimentations de Fender/Squier (séries Parallel, Paranormal, etc...), ce type d’hybridation Jazzmaster/Telecaster a quelque chose de presque familier aujourd’hui et ne fait plus figure d’exception. Sans ressentir la souplesse et les sensations d’une Jazzmaster, ni le côté plus rustique d’une Telecaster (notamment avec cette touche de modernité au niveau du manche), on retrouve ce contraste assez typique entre les micros, qui semble même accentué ici, avec tout ce qu’il faut de twang et de claquant côté aigu (favorisé par la touche érable ?), et côté grave, une vraie épaisseur et un rendu étonnamment charnu, dynamique et flatteur sur un son un peu crunchy. De quoi aller bien au-delà des registres surf que sa forme et sa couleur Ocean Turquoise Metallic semblent appeler. La guitare paraît plutôt légère eu égard à son gabarit et au choix du nyatoh (un substitut de l’acajou), et les chanfreins et découpes ergonomiques amènent une aisance et une indéniable maniabilité. Côté pilotage, le sélecteur est positionné à la verticale du micro manche plutôt que sur l’épaule supérieure comme sur la version P-90 (attention à ne pas venir le heurter dans le jeu), et les potards de volume et de tonalité sont disposés façon Strat pour les adeptes d’ajustements au petit doigt (et aux petits oignons). Tout est bien poli, rien ne dépasse au niveau du chevalet à trois pontets type Tele vintage ; ce n’est pas avec cette guitare qu’on s’écorchera. Avec un souci du détail et de la qualité, Bacchus propose ainsi une alternative aux canons californiens, pour une guitare qui en tire, en fin de compte, une identité propre...
Cuisson à point
L’érable torréfié (roasted maple en anglais) s’est largement répandu ces dernières années, et pas seulement dans le haut de gamme. La torréfaction est un processus de cuisson du bois à haute température dans un environnement sans oxygène, au cours duquel les éléments volatils (eau, résines) vont s’évaporer, permettant de le « vieillir » et de gagner quelques années de manière à obtenir un manche à la fois plus léger, plus rigide et plus stable. L’érable prend au passage une couleur « caramel » caractéristique...