Simon McBride : J’ai trois pedalboards, celui-ci c’est le troisième, un peu le plan B que j’ai monté moi-même à la maison. Les deux autres sont sur la route avec Deep Purple. Mais celui-là, c’est du bricolage maison… très fonctionnel ! Le cœur du système, c’est un contrôleur GigRig G3. Toute la chaîne d’effets y transite, avec un routing intelligent : le signal de la guitare peut aller directement dans l’ampli, sans passer par les pédales, sauf si je les active manuellement.
Dans l’ordre, ça donne quoi ?
Je commence avec une wah Jam Pedals, très expressive. Ensuite, j’ai une Digitech Drop, qui me permet d’abaisser le pitch pour certaines chansons, surtout quand c’est plus confortable pour la voix. Tout cela arrive ensuite dans le G3, qui répartit le signal entre les effets en façade (avant l’ampli) et ceux placés dans la boucle d’effet. Je joue en stéréo, donc j’ai une sortie configurée pour aller dans la boucle de l’ampli. J’ai quelques titres très clean, et, sur ceux-là, mon compresseur m’aide à garder un jeu bien défini. Je ne le laisse pas tout le temps, je l’active selon les besoins. Tous mes effets stéréo sont dans la boucle : un Free The Tone chorus, une delay, une reverb… Là encore, tout est piloté via le G3. Je peux activer un ou plusieurs effets d’un seul coup, et, surtout, garder le son le plus pur possible. J’utilise une pédale de compression Quantum sur certains sons clairs. Elle apporte une brillance supplémentaire, elle fait ressortir les attaques, c’est parfait quand je veux un peu plus de mordant. Vient ensuite une Octavia, une pédale fuzzy avec un effet d’octave. Il y en a plein sur le marché, mais celle-là a vraiment le grain que je cherchais. Elle est dingue, mais j’adore ça. Après, j’utilise habituellement la RetroVibe de Jam Pedals, mais elle est sur la route avec Deep Purple. Là, je teste une Formula B Vintage Vibe, fabriquée en Italie. Elle s’en sort super bien, avec ce côté chaud et velouté… Ensuite, on passe à une T-Rex Octavius qui permet d’ajouter une octave en haut ou en bas. Je les mélange selon les besoins, notamment sur certains riffs plus lourds. Ça donne un son plus massif, presque synthétique, tout en restant très expressif. Dans la boucle d’effets, je commence par une pédale Free The Tone Tri Avatar. C’est une sorte de Tri-Stereo chorus, comme ceux qu’on utilisait dans les années 80. C’est exactement ce son-là : large, brillant, hyper musical. J’adore ce type de texture. Ensuite, j’ai une pédale que j’adore — une des dernières sorties de chez Boss : la SD-3. Sur mes pedalboards avec Deep Purple, j’utilise la version plus grande, mais celle-ci fait très bien le boulot. Je l’ai réglée en ping-pong delay, ça envoie à gauche, à droite, comme dans les racks de mon enfance. Quand Boss a ressorti ce son, j’ai tout de suite su que j’allais la prendre. Elle sonne exactement comme les anciennes. Et puis j’ai une Boss RV-500 pour la reverb. Franchement, c’est un monstre. Je n’utilise qu’un seul preset dessus, mais je la laisse toujours allumée. Je n’aime pas les sons trop secs, j’ai grandi dans les années 80, j’ai besoin de cette petite couche d’ambiance permanente.
Tu n’as pas trop de soucis techniques récurrents ?
Non, la raison pour laquelle j’utilise ce système GigRig, c’est que, même si une pédale tombe en panne, j’ai toujours un signal direct qui part vers l’ampli. Donc aucun risque de coupure, tout continue de fonctionner. Et ces systèmes, j’en ai quatre en tournée, sont fiables, vraiment ! Je n’ai jamais eu le moindre souci avec. Pareil pour mes amplis : ils sont secoués dans les remorques, ils voyagent dans des conditions pas toujours tendres, mais ils tiennent le coup sans broncher.
C’est le moment de passer à l’autre bout…
J’ai deux baffles. Chacun contient un Celestion Greenback et un Vintage 30. J’aime bien le mélange des deux. Ça donne un bon équilibre entre la chaleur et l’attaque. Et si tu regardes bien, tu peux voir le contour brun autour du Greenback ici, c’est le petit détail qui tue. Mon ampli principal, c’est un Engl Artist Edition, mais il a été modifié spécialement pour moi. Tu ne trouveras pas cette version dans le commerce. J’ai demandé à la marque de gonfler un peu plus les médiums, pour que ça ressorte mieux dans le mix. À côté, j’ai une autre petite tête Engl. C’est un prototype, pas encore en production. C’est un genre de version mini de la grosse tête, un test qu’on fait en ce moment. Tu vois, il y a encore les annotations écrites à la main dessus. On essaie juste de retrouver le même son, mais à un volume plus raisonnable. J’utilise bien sûr la boucle d’effets de la tête Engl. Le signal part dans le board, est splitté en stéréo, puis revient dans l’ampli. Un des retours va dans l’Engl, et l’autre dans un Seymour Duncan PowerStage, un ampli de puissance. Tout est alimenté via un Furman, c’est lui qui gère la distribution du courant sur le board. Et, à côté, j’ai juste un pack Sennheiser pour mes in-ears, c’est mon système sans fil habituel. Rien de trop sophistiqué, mais c’est fiable, et ça fait le boulot.
Il ne manque plus qu’une guitare pour faire sonner tout ça…
Cette guitare est une nouvelle PRS, toute fraîche. Je l’ai reçue il y a une ou deux semaines à peine. C’est un modèle que Paul Reed Smith développe en ce moment, et on travaille dessus ensemble. Il n’y a pas de truss rod, rien dans le manche. C’est un peu expérimental, mais je trouve qu’elle sonne mieux, vraiment. En tout cas à mon oreille. Les micros, ce sont des PRS Private Stock, très classiques dans l’esprit, mais c’est surtout la conception du manche qui change tout. Là, l’idée, c’est de la tester en conditions réelles, voir comment elle réagit en live. Paul veut mon retour là-dessus. Je suis un peu son cobaye (rires). Je joue sur PRS depuis 27 ou 28 ans… Je devais avoir 15 ans quand j’ai eu ma première. Après, j’ai aussi une autre PRS, celle que j’utilise depuis longtemps, un peu comme mon « modèle signature ». Même si elle n’est pas officielle, elle est construite exactement selon mes spécifications, jusque dans les moindres détails. Paul a fait un super boulot sur le poids. Il a conçu des chambres spécifiques, pour alléger les modèles single cut qu’il a conçus sans sacrifier le son.
Je ne sais pas comment il a fait, mais ça sonne mieux, et c’est moins lourd. Si tu passais une PRS single cut aux
rayons X, tu trouverais sans doute des chambres acoustiques complexes. C’est tout Paul, ça.
Parlons musique, maintenant, la tournée est censée défendre l’album « The Fighter », qui commence à dater, mais tu as récemment sorti « Recordings 2020-2025 », essentiellement composé de reprises, parfois inattendues, mais avec quelques titres originaux.
« The Fighter » était en fait prêt avant le Covid. Puis tout s’est arrêté, évidemment… On s’est retrouvés en pause forcée, et, juste après, j’ai rejoint Deep Purple, donc on a repoussé la sortie encore et encore. Au final, il a été distribué en 2022. « Recordings 2020–2025 », pour être honnête, c’est un peu un rassemblement de morceaux que j’avais déjà depuis un moment. Certains sont sortis en singles ces quatre ou cinq dernières années. Il y a neuf reprises sur l’album. C’est le label qui m’a demandé d’en faire, et j’ai dit « OK ». On les a enregistrées, et on a aussi ajouté des prises live. J’étais en tournée, et le label m’a demandé d’enregistrer un concert complet. Alors, avec les deux gars du groupe (Dave Marks, basse, et Marty McCloskey, batterie), on est entrés aux Chameleon Studios et on a rejoué notre set live tel quel. On l’a fait deux ou trois fois et on a retenu quelques titres, et c’est ce qu’on retrouve sur l’album. Si je l’ai appelé « Recordings 2020–2025 », c’est parce que tout a commencé en 2020, avec les reprises, mais le dernier titre n’a été mixé qu’en janvier 2025. Ça a pris autant de temps parce que, comme vous le savez, j’ai été pas mal occupé sur un autre « dossier » (rires). La première question que l’on me pose, c’est : pourquoi n’ai-je pas repris un morceau de Deep Purple sur ce disque ? Eh bien, d’abord parce que je fais partie de Deep Purple… Et ensuite, parce que, contrairement aux autres reprises de l’album où on ajouté notre patte, je ne vois pas bien comment transformer un morceau de rock… en un morceau de rock !
Parlons-en, justement, si tu veux bien. Tu avais ta carrière solo, tes projets, et puis, un jour, on te propose de rejoindre… un petit groupe. Comment cela s’est-il passé ?
C’était en 2021. J’ai rçu un message du manager de Deep Purple qui me demandait si je serais disponible pour remplacer Steve Morse, au départ de façon temporaire. La femme de Steve était malheureusement très malade. J’ai répondu : « Oui, bien sûr, je suis dispo. Et je n’ai pas réfléchi plus que ça. » Je me suis dit que ce serait sympa de jouer avec eux, une belle expérience, rien de plus… J’ai fait une tournée, puis je suis rentré chez moi, sans me poser de questions. Pour moi, c’était terminé. Et puis… ils m’ont rappelé.
Parce que je me souviens d’un message sur ton site. Tu annonçais que c’était fini, que tu n’avais été engagé que pour cette tournée et que tu revenais à ta carrière… Et, finalement, ça n’a pas duré seulement quelques semaines ou quelques mois (rires)…
Oui, après ça, ils m’ont recontacté pour une tournée plus longue, je crois que c’était en juin ou juillet. Ils m’ont demandé si j’étais disponible. J’avais quelques engagements, mais j’ai pu m’arranger. Et, vers la moitié de cette tournée, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais Steve a annoncé qu’il ne pouvait pas revenir avant longtemps, à cause de la maladie de sa femme. Ensuite, le manager m’a envoyé un mail, après une discussion avec le groupe, pour me demander si j’accepterais de les rejoindre officiellement. Et j’ai dit : « Eh bien oui, évidemment ! » Ce soir-là, j’étais au bar avec Ian Gillan. Il s’est tourné vers moi et m’a simplement dit : « Alors, t’es dans le groupe ou quoi ? » J’ai répondu : « Eh bien je crois que oui… santé ! » Et voilà, c’était fait. Depuis, tout se passe très bien. C’est une belle aventure, et c’est surtout beaucoup de plaisir.
Article paru dans le numéro 370 de Guitar Part.