Découvrez notre appli

Nos abonnements

Découvrez nos playlists

News

Nina Attal - Electric Lady

Sur « Tales Of A Guitar Woman », son cinquième album, la chanteuse-guitariste a concocté un savoureux mélange de blues, de funk et de soul, pimenté par une six-cordes qui raconte autant qu’elle touche au plus profond. Sa passion pour la guitare l’a aussi menée à revisiter Hendrix au sein d’un groupe entièrement féminin. Rencontre avec une musicienne qui joue comme elle respire…

Comment as-tu abordé ce cinquième album ? Son titre était-il une sorte de fil conducteur ?

Nina Attal : Je n’avais pas forcément le titre exact, mais j’avais un peu le concept de l’album en tête. C’est à dire que je voulais vraiment que chaque chanson raconte l’histoire d’un personnage. Donc, c’est pour ça que je l’ai appelé « Tales Of A Guitar Woman ». Il rassemble des contes que je raconte, ceux d’une femme guitariste… Chaque morceau dévoile l’histoire d’un personnage. D’ailleurs, je voulais même que chaque chanson fasse apparaître un prénom, celui du personnage. Donc, presque dans chaque chanson, tu vas voir, il y a un personnage qui est cité avec son prénom. C’était un peu mon idée de base. Elle était assez claire déjà depuis le début. Et puis, ensuite, j’aime vraiment l’exercice d’écrire un album en mode guitare-voix. J’ai plein de guitares, des dobro, des douze cordes, un lap steel. Enfin voilà, je prends n’importe quel instrument, suivant mon humeur, et puis je me pose sur mon canapé. J’écris et, tant que la chanson ne semble pas prête à mon sens, dans le format guitare-voix, je ne vais pas plus loin. Je ne passe pas sur l’ordinateur, je n’ajoute pas de batterie, je n’ajoute pas de basse… Ça, c’est vraiment à la fin. Une fois que mes morceaux valent le coup à mon sens…

Et ensuite, tu maquettes toujours seule ?

Oui, très naturellement, après tu arrives à poser ta batterie, ta basse… Moi, généralement, je maquette à la maison toute seule. Je mets en place les choses que j’entends dans ma tête et puis, très vite, j’ai envie que ce soit joué par de vrais musiciens. On fait aussi les arrangements en studio avec eux parce que, voilà, moi, je ne suis pas batteuse, je ne suis pas bassiste. Je laisse ça à ceux qui sont doués pour ça.

L’album est plutôt surprenant comparé à ce qu’on connaissait de toi en studio ou en concert… Que ce soit au niveau du jeu ou du chant. Tu t’es surprise aussi sur cet album ?

C’est une bonne question. C’est marrant, parce qu’il y a toujours cette dualité chez les artistes. Une partie de moi doute beaucoup, comme tout le monde, et une autre est confiante. Moi, je dirais que je suis plutôt sûre de mes idées et de ce que je veux, même si je reste toujours ouverte au dialogue et aux propositions. Mais je sais où je vais, je connais ma direction… Je suis parfois même un peu têtue. Mes collègues pourront le confirmer ! Ce qui est intéressant, c’est de se surprendre, de se challenger en permanence. Et c’est aussi l’avantage de travailler avec d’autres musiciens. Cet album, je ne l’ai pas fait seule : je l’ai produit avec mon batteur, Mathieu Gramoli, qui m’accompagne sur la route depuis une dizaine d’années. Il a son label, son studio, et on avait envie depuis longtemps de collaborer sur un album. Il m’a poussée dans mes retranchements sur certains aspects, et c’est précieux d’avoir un regard extérieur, quelqu’un qui apporte son expérience et son point de vue. C’est parfois surprenant, mais j’ai eu raison de lui faire confiance. Je suis hyper fière du travail qu’on a accompli ensemble, c’est un album qui me ressemble vraiment.

Ce qui retient l’attention, c’est vraiment cette voix placée quand même assez en avant. Plus que dans le blues rock traditionnel…

C’est ce qui fait la modernité des productions pop ou indé d’aujourd’hui, et c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est qu’on ne peut pas tricher. Il n’y a pas de subterfuge, pas d’auto-tune, de Melodyne ou d’artifices (rires)… Si une prise n’est pas bonne, je la refais, point ! Avec Mathieu, on avait vraiment cette volonté de pousser la production pour rendre hommage aux morceaux, aux compositions et à chaque instrument. On ne voulait pas trop de fioritures, on cherchait quelque chose d’assez épuré, mais quand même avec un son qui tabasse vraiment !

Et, du côté des guitares, as-tu effectué une mise à jour, comme pour les logiciels ?

Pas vraiment, j’avoue. Je suis toujours fidèle à ma
Gibson ES-335, celle que j’ai depuis mon adolescence. C’est la première guitare que mon père m’a offerte, donc elle a une valeur sentimentale immense. Elle ne me quitte jamais, et, d’ailleurs, j’ai enregistré quelques titres en studio avec elle. Bon, je n’ai pas vraiment grandi depuis (rires), mais j’étais tellement toute petite et toute riquiqui et j’aimais bien justement ce paradoxe, d’avoir cette grosse guitare entre les mains. J’aimais bien ce côté un petit peu improbable et c’est pour ça aussi que j’aimais cette guitare.

© DR

Ce n’est pas une Hello Kitty, en effet (rires). DR

Non, clairement pas ! Si tu m’avais dit ça à l’époque… Non, moi, c’était (avec une petite voix d’enfant) : « Je veux la guitare de B.B. King ! » C’était ça mon rêve ! Et elle est toujours à mes côtés. En plus de ma Gibson ES-335, j’ai aussi mes Stratocaster custom faites chez Guitare Garage avec des micros Hepcat. Franchement, j’en suis hyper contente, elles font vraiment partie de mon son maintenant. Mais, pour cet album, je me suis plus ouverte aux guitares acoustiques. Je suis sponsorisée par Yamaha pour les acoustiques, et j’ai notamment une douze cordes de chez eux avec laquelle j’ai pas mal bossé en studio. Et puis, j’ai aussi mon Dobro, mon résonateur, un lap steel… Bref, pour cet album, j’ai vraiment agrandi la famille ! Pas tellement du côté des guitares électriques, où je suis restée fidèle à mes modèles habituels, mais plutôt en explorant d’autres sonorités avec ces instruments acoustiques et à résonateur.

Tes amplis de prédilection ?

J’ai enregistré avec deux amplis : un Fender Deluxe Reverb des années 70, que j’ai fait entièrement réviser et qui sonne incroyablement bien, et un Magnatone… J’ai toujours enregistré en stéréo, avec deux micros sur chaque ampli. Après, ça ne veut pas dire qu’on garde systématiquement les quatre prises, mais ça permet d’avoir le choix en fonction des morceaux. On peut ajuster le son selon ce qu’on veut entendre, même si, forcément, ça donne un peu plus de boulot à l’ingé son pour trier tout ça !

On finit avec les effets…

J’ai plusieurs pedalboards, tout simplement parce que j’ai plusieurs projets en ce moment. Il y a mon album, bien sûr, mais aussi l’hommage à Hendrix avec Electric Ladyland. J’ai donc un pedalboard dédié à Hendrix. En plus, je participe également à un hommage à Prince en Suisse, où je vis. Donc j’ai un pedalboard spécifique pour ça. Ce sont des univers complètement différents, forcément, les effets ne sont pas du tout les mêmes. Globalement, j’utilise toujours un drive. Mon préféré, c’est mon Mad Professor Royal Blue Overdrive, que j’adore et que j’utilise sur quasiment tous mes projets. J’ai aussi des pédales de drive fabriquées par Doc Music Station, un artisan basé en Bretagne, qui fait un travail incroyable. Il m’a gentiment prêté quelques pédales, et j’aime beaucoup ce qu’il fait. Ses overdrives sont excellents, et ses fuzz aussi ! Il crée notamment des répliques de la Big Muff et de la Fuzz Face, qui sonnent vraiment bien. J’aime bien les simulations de Big Muff, donc j’ai ça sur mon pedalboard. J’ai souvent du trémolo, ça dépend des morceaux. Il y a plein de pédales sympas, mais la meilleure reste quand même la Strymon Flint… sauf qu’elle coûte une blinde ! Mais bon, c’est une référence. J’utilise aussi une simulation de Leslie, avec les pédales Ventilator de chez Neo Instruments, que j’adore. À la base, j’aurais pu prendre une Uni-Vibe, mais tout le monde utilise ça. J’avais envie de sortir un peu du lot. Après, la Vibe Machine ou la Vicious Vibe de TC Electronic sont très bien aussi, mais ce genre d’effet est quasiment indispensable pour du Hendrix. J’aime aussi les delays, surtout les Crystal Delays et les Reverse Delays, ce style de trucs un peu plus fun et psychédéliques, qui sont importants pour jouer du Hendrix. J’ai aussi une super pédale d’analog delay… et puis il y a encore d’autres trucs !

Sur l’album, comme tu as aussi ton projet Hendrix à côté, j’ai l’impression qu’il y a peut-être plus de Clapton ou de J.J. Cale, des choses un peu plus soft, et moins de sonorités vraiment agressives. C’est une approche volontaire pour ne pas faire « double emploi » ?

C’est marrant que tu dises ça, parce que, justement, Clapton et J.J. Cale ont été de vraies inspirations pour cet album. Donc oui, tu as totalement raison, il est plus blues-folk que vraiment rock. En fait, je me suis rendu compte que les morceaux très rock, j’adore surtout les jouer sur scène, parce que l’énergie du live est incomparable. C’est là que je m’exprime le mieux. Mais en studio, c’est différent. Ma sensibilité me pousse plus naturellement vers quelque chose de plus blues-folk, avec une vibe un peu californienne. Je suis une grande fan des Eagles, par exemple. Leur musique est très rock, mais il y a aussi un côté folk très présent. Et puis j’attache toujours une énorme importance aux mélodies et aux paroles, qui peuvent amener vers un univers plus subtil.

Hendrix conjugé au féminin

Nina Attal : Pour Hendrix, ce qu’on souligne vraiment avec les filles, c’est que ce n’est pas un simple tribute band, c’est un véritable hommage. On ne se contente pas de reproduire ses morceaux, on les réinterprète et on se les approprie complètement. Donc, sur scène, on a besoin d’être nous-mêmes pour les jouer, parce qu’on y met vraiment notre personnalité. Je me sens totalement moi-même dans ce projet. D’autant plus que ça reste proche de ce que je fais habituellement sur scène. Après, c’était quand même un vrai challenge, notamment pour l’automatisme entre le chant et la guitare, ça demandait du travail. Mais c’est le genre de défi qui me plaît ! Quand je joue du Hendrix, j’ai l’impression de jouer mes propres morceaux. Enfin, j’aurais aimé qu’ils soient les miens (rires) ! Mais je les interprète comme si c’était le cas. Et puis, il y a une vraie alchimie avec les autres musiciennes, ce qui rend l’expérience encore plus forte.

Outre Nina, Electric Ladyland comprend Léna Woods (harpe et chant), Antonella Mazza (basse), Léa Worms (claviers), Marielle Hervé (claviers), Laëza Massa (Batterie), Swanny Elzingre (batterie) et des guests comme Gaëlle Buswell (chant, guitare) ou Jesse Lee Houllier (chant, guitare)…

Galerie photos

Vous aimez cet article ?
resdqcd
Alors allez faire un tour sur notre espace pédagogique, vous y trouverez une centaine de vidéos matos, des tests de guitares, de pédales, des tutos et plus encore !
Découvrir
Interviews
Jean-Pierre Sabouret
6/6/2025
Jean-Pierre Sabouret
plus d'articles