En faisant rimer « modern » avec polyvalence, Epiphone ouvre les possibilités sonores de sa SG à d’autres applications et registres, à un prix ultra attractif. Un véritable tour de force.
Tout le monde n’a pas les moyens de se payer la Gibson SG Modern, dont le prix avoisine les 2 000 euros. Reste l’alternative accessible proposée par Epiphone. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est tout sauf une offre au rabais, malgré son prix bien plus abordable. La guitare reprend tout ce qui fait la particularité de sa grande sœur. Certes, l’érable utilisé pour la table et l’acajou qui en constituent le corps et le manche sont moins « nobles » que ceux utilisés sur la Gibson, et le reste de l’accastillage un cran en dessous, mais cela n’empêche guère cette guitare d’avoir du style et de bénéficier d’un accordage stable. D’ailleurs, le dos et le manche sont vernis dans la même teinte sombre et opaque, avec une couche de vernis qu’on trouve toujours un peu épaisse, chez Gibson comme chez Epiphone. Cette Modern reprend aussi le profil de manche Slim Taper asymétrique, ainsi que la conception électronique, sur laquelle nous reviendrons par la suite.
C’est une SG… Avec deux micros de type humbucker et un corps au design inévitable, la SG Modern ressemble à une... SG, sans surprise. Son équilibre est d’ailleurs toujours aussi chaotique quand on lâche le manche, qui laisse inévitablement la tête plonger en avant. Mais l’instrument reste léger, maniable, et son accès aux aigus toujours aussi dégagé. Le manche, plutôt épais en haut, se prête plus facilement au jeu des accords et des rythmiques rock. Passé la 12e case, il s’aplanit légèrement et facilite le jeu en solo. C’est le premier aspect moderne de cet instrument. Quant aux micros, les ProBucker ont déjà fait leurs preuves chez Epiphone : dérivés des BurstBucker Gibson, ils délivrent un son un peu plus aigu et assez détaillé, ce qui, avec une grosse Les Paul massive, est une bonne chose pour ne pas avoir un son trop boueux. Mais avec une SG, plus fine et plus compacte, il faut faire attention à ne pas trop retirer de graves sur l’ampli pour éviter de sonner trop clinquant. En son clair, ce n’est pas aussi vivant qu’avec une Strat, mais pas flou ni raide pour autant. En crunch et en son saturé, comme d’habitude, c’est parfait : une redoutable usine à riffs.
… et plus qu’une SG Comme de nombreuses guitares « modernes », les micros sont splittables, afin d’élargir la palette sonore. Le split de chaque micro se fait via les Push/Pull des potards de volume. Sans sonner comme de véritables micros simples, ils permettent de resserrer un peu le son sans nécessairement trop le pincer. On obtient de très jolis résultats en splittant un seul micro et en utilisant le sélecteur sur la position intermédiaire. Mais on peut aller encore plus loin, avec la possibilité de mettre les micros hors-phase. Et là, combiné avec le split, on retrouve un vrai côté simple et funky. On croirait presque jouer avec une Wah arrêtée dans de sa course, pour délivrer des super cocottes funk ou reggae sur une guitare qui réagit pourtant surtout à un jeu rock chargé d’Overdrive à la base. Certes, quand on splitte et qu’on met hors-phase, on ressent une baisse de volume, mais pour lancer une intro par exemple, c’est tout à fait approprié. Grattez vos premiers accords, remettez les micros plein pot et faites sauter le hors-phase en un ou deux mouvements et boum : gros son pour riffer. Une guitare pleine de surprises et de possibilités à un tarif imbattable. Guillaume Ley
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