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Adrian Smith & Richie Kotzen - Frères d'âme

Autant l’association des deux musiciens paraissait improbable, lors de la sortie du premier album « Smith/Kotzen », début 2021, autant elle n’étonne plus à l’écoute de ce nouveau « Black Light / White Noise » où, aussi bien à la guitare qu’au chant, l’entente est parfaite entre le Britannique et l’Américain. Preuve que tout est possible…

Adrian, la sagesse british

© Piper Ferguson

Bonjour, nous sommes le 26 février, alors avec un jour d’avance, joyeux anniversaire !

Adrian Smith : Oh, merci ! Oui, c’est demain en effet…

Nous nous étions rencontrés il y a fort longtemps lors de la sortie de ton album avec A.S.a.P., « Silver And Gold », fin 1989, qui n’avait pas été très bien accueilli, surtout par les fans d’Iron Maiden que tu venais de quitter…

La vache, ça ne date pas d’hier, en effet… Il s’en est passé depuis !

À l’époque, il était presque interdit d’aimer à la fois Iron Maiden et des groupes comme Bad Company, Journey ou Foreigner… Les deux mondes étaient bien distincts. C’est nettement mieux toléré aujourd’hui, comme on peut le voir avec Smith/Kotzen…  

Oui, complètement. À l’époque, c’était perçu comme deux univers très différents, mais quand je réécoute cet album aujourd’hui, je me rends compte à quel point il était bien écrit. Ces chansons tiennent encore super bien la route, elles ont une vraie musicalité et auraient pu être des hits.  

Certains disaient que ce n’était « pas metal », que c’était trop orienté radio-FM, trop mélodique…  

Quand j’ai fait mon album solo, je n’ai jamais cherché à plaire aux radios. Je composais juste la musique qui me plaisait. Mais, comme j’étais associé à Iron Maiden, qui ne passait jamais en radio, les stations américaines n’ont même pas essayé de l’écouter. Il est sorti au mauvais moment et il n’a pas eu sa chance… Et, en musique, le timing est souvent crucial.  

Et, justement, pour ce deuxième album de Smith/Kotzen, le timing est peut-être meilleur, non ? Même si les radios ne suivent toujours pas…

Honnêtement, je ne sais même plus trop ce qui passe à la radio aujourd’hui. Je crois que certaines stations passent pas mal de ce qu’on appelle maintenant le classic-rock. Mais ce projet, c’est avant tout un hommage à la musique qu’on aime. J’ai grandi en écoutant Bad Company, Free ou Deep Purple et j’adore toujours ces groupes. Alors oui, j’ai l’impression de perpétuer une tradition. Mais on ne veut pas juste rester ancrés dans le passé. On prend ces influences et on les emmène ailleurs. Par exemple, si tu écoutes nos chansons, on peut associer un riff bluesy bien sale avec un refrain à la mélodie accrocheuse…

Il y a aussi quelques grooves bien funky et de fortes doses de soul… Mais c’est plus l’apport de Richie, non ?

Richie a grandi à Philadelphie et il a été exposé à quantité de styles : soul, jazz fusion… Il a même joué avec
Stanley Clarke ! Ça se ressent, notamment sur Taking My Chances, du premier album, qui a une vraie section fusion au milieu. Ce qui est génial, c’est qu’il y a pas mal de couleurs sur notre palette. Mais, surtout, lorsque nous nous retrouvons, on ne se prend pas la tête : on écrit, et on voit ce qui en ressort. C’est presque de la télépathie entre nous. Il y a très peu de groupes avec deux chanteurs et deux guitaristes solistes, et je pense que c’est ce qui rend ce projet unique.  

Tout à fait, ce n’est pas seulement un projet avec deux guitaristes connus, c’est aussi deux voix qui se marient incroyablement bien. Ce n’est pas une bagarre, c’est une vraie alchimie.  

Merci ! Oui, j’ai toujours aimé les guitaristes solistes chanteurs, comme Eric Clapton, Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan… C’est comme ça que j’ai commencé. Quand j’ai rencontré Dave Murray, j’étais ado, je devais avoir 14 ans… Et je voulais être dans un groupe, mais je n’étais pas encore guitariste. Dave et moi étions les seuls à avoir les cheveux longs dans le quartier, on adorait Deep Purple, alors je lui ai dit : « OK, je vais être le chanteur ! » J’ai appris sur le tas et je me suis mis à la guitare peu de temps après. En rejoignant Maiden, j’ai dû arrêter de chanter pendant des années, jusqu’à A.S.a.P.… C’est formidable pour moi de me retrouver avec un aussi bon chanteur que Richie. Il possède un registre incroyable. Cela me permet de me faire plaisir, sans que toute la responsabilité du chant soit sur les épaules.  

Lors de notre précédente interview (Guitar Part # 325), tu m’avais confié que tu avais été particulièrement impressionné la première fois que tu as vu jouer et surtout chanter Richie. On imagine que tu as moins la pression depuis…

Richie est effectivement un chanteur de classe mondiale. Mais, maintenant, on a trouvé notre équilibre aussi bien à la guitare qu’au chant. Vocalement, en général, il prend les parties les plus hautes, parce qu’il a une tessiture plus large que moi, et ça fonctionne bien comme ça. En ce moment, on prépare même des concerts acoustiques ensemble. On jouera notamment au Grammy Museum le 5 mars. C’est venu un peu par surprise, mais ça nous permet de redécouvrir nos morceaux sous un autre angle. Et, franchement, ça sonne super bien en acoustique aussi.  

Il faut absolument que vous veniez en version acoustique en France… Ou même ne version électrique !  

Ce serait génial, oui ! On y pense… Après, il y a toujours les plannings à gérer… Entre Maiden et les tournées de Richie, il faut trouver le bon créneau. Mais on a adoré jouer ensemble en live il y a deux ans. J’espère bien qu’on pourra remettre ça.  

Pour en revenir à l’album, vous avez votre routine, maintenant, ou vous avez voulu changer d’approche pour ne pas vous répéter ?

En toute franchise, on a gardé un processus similaire. Richie a son studio à Los Angeles, et moi, je passe quelques mois par an pas loin de chez lui. Malheureusement, j’ai perdu ma maison dans un incendie…

Oui, on a appris ça. Les images de ces énormes incendies étaient effrayantes. L’essentiel est qu’il n’y ait pas eu de victimes, mais on est vraiment désolé pour toi…

Merci. Oui, c’était dur, mais on ne s’en est pas trop mal sortis. Je n’ai perdu que du matériel, d’autres ont tout perdu. C’était dramatique… Bref, on a commencé à préparer « Black Light / White Noise » en janvier 2023. On a enregistré six morceaux, puis on est partis chacun de notre côté, moi avec Maiden et lui sur son projet solo, avant de revenir finir l’album début 2024. On a fait d’abord le point sur ce qu’on avait, pour nous demander : « Il manque quoi ? Il faut peut-être une ou deux compos plus rapides, ou le contraire… » Tout s’est fait à deux, dans le studio de Richie. Il joue de la batterie, de la basse, je fais mes parties… Il y a très peu d’intervenants extérieurs et surtout pas de producteur. On voulait garder cette spontanéité, et surtout éviter les contraintes d’un gros studio. Je me souviens que la toute première chanson que m’a proposée Richie était Muddy Water. Le morceau était fini, je dirais, à 85 %. Je lui ai dit que c’était un titre très fort et qu’il fallait vraiment le terminer. Je lui ai ensuite proposé les bases de White Noise. J’avais le riff principal et Richie a trouvé le refrain… Il y avait beaucoup de liberté et, en même temps, très peu d’interférences de l’extérieur.

Comme on l’a constaté sur son album solo, Richie est devenu un groupe à lui tout seul (rires) !

Oui, je crois qu’avec le temps, il a éprouvé l’envie de mieux contrôler sa carrière… Mais on commençait en général par poser les bases à la guitare. Ensuite on ajoutait une basse et une boîte à rythmes… Richie joue souvent la batterie, et moi, la basse. Parfois, on fait appel à quelques invités, comme Bruno Valverde à la batterie ou Julia Lage, la femme de Richie, qui est une excellente bassiste. Mais la majorité du travail, c’est nous deux. Parfois, avec un peu de recul, on doit tout revoir. Un bon exemple, c’est Black Light. La première version était complètement différente avec un autre titre, d’autres couplets, et je sentais que ça ne fonctionnait pas. On a tout revu de A à Z. C’est devenu l’un de mes morceaux préférés de l’album. Mais c’est ça, le processus créatif : si un morceau ne nous excite pas, il n’a pas sa place.  

Ça signifie que vous êtes capables de vous dire franchement quand quelque chose ne va pas ?  

Oui, c’est essentiel. Richie et moi, on a suffisamment d’expérience pour savoir quand quelque chose ne fonctionne pas. On a des standards élevés, et on se fait confiance. Dans un groupe, ce n’est pas toujours évident d’accepter la critique, mais, entre nous, il n’y a pas la moindre ombre au tableau. Je ne citerai personne (hum ! NDR), mais dans de nombreux groupes, cela peut devenir très délicat si on se permet d’émettre un avis différent de celui d’un autre membre. C’est pour cette raison que ça ne rigole pas tous les jours dans certains groupes. Mais je pense que c’est la même chose dans tous les boulots. Les relations avec les collègues ou les responsables sont très souvent difficiles. Mais c’est encore plus intense dans un groupe, dans la mesure où on passe beaucoup plus de temps sur la route ou en studio, comparé à ceux qui vont travailler seulement certains jours de la semaine et avec des vacances ! Les premières années d’un groupe, on doit se supporter pendant des mois jours et nuit dans le même tour-bus, puis les mêmes hôtels, puis le même studio pendant des heures à jouer et rejouer les mêmes morceaux… Il y a vraiment de quoi devenir dingue et c’est pour ça que tant de groupes se séparent très tôt. Ceux qui survivent dans le monde de la musique sont ceux qui ont appris à « négocier » pour surmonter les difficultés de communication. C’est la clé de la longévité. La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour un musicien. Il faut savoir accepter les réussites comme les échecs.

Parlons un peu de ton matos. Pour Iron Maiden tu es surtout fidèle à tes Jackson, mais pour Smith/Kotzen, tu changes un peu d’approche ?  

Comme je l’ai expliqué la fois précédente, avec Maiden, tout mon matériel est stocké à Londres. Pour Smith/Kotzen, c’est donc plus restreint. À Los Angeles, c’est plus une petite entreprise par rapport à l’industrie Maiden. J’ai seulement deux guitares : des Jackson Signature accordées plus bas, en Drop D ou C#. Côté amplis, Richie a un Marshall Plexi 100w chez lui. Tout est prêt à enregistrer, dès qu’on branche les guitares. On reste très organiques dans notre approche. Ensuite, j’utilise un peu de wah et une Tube Screamer pour booster certains solos, mais c’est assez minimaliste. Avec Maiden j’ai une tonne d’effets, dont un Lexicon, pour les delays, c’est une peu l’huile dans mon moteur. Mais, avec Smith/Kotzen, je me contente d’un simple Line 6 qui possède absolument tous les effets de l’histoire. Je préfère garder un setup simple pour qu’on sente mieux les nuances que dans la plupart des productions modernes avec des tonnes de guitares massives. Je ne déteste pas ces sonorités de guitares dans les albums de metal récents. Mais ce qui me gêne, malgré tout, c’est qu’elles sont trop homogènes, avec trop de compression. On a quand même la désagréable impression d’entendre toujours la même chose. Nous, on préfère enregistrer comme avant : avec des amplis à fond, peu d’effets, et beaucoup d’émotion.    

Richie, le professionnel américain
© Piper Ferguson

Vous êtes devenus amis bien avant de penser à monter un groupe, écrire des morceaux et enregistrer ensemble. Mais, comme les gens normaux, vous auriez pu partir surfer, ou aller à la pêche, Adrian adore ça, non ?

Richie Kotzen : Oui, c’est vrai qu’on est devenus amis bien avant de penser à travailler ensemble sur un projet musical. Mais, pour être honnête, je ne suis jamais allé pêcher avec Adrian ! Je ne connais rien à la pêche, et j’ai l’impression que c’est un moment qu’il aime bien passer seul. Je serais sûrement plus une nuisance qu’autre chose sur un bateau (rires) ! Cela dit, on a beaucoup échangé et partagé nos goûts musicaux, bien avant de décider de composer ensemble. C’est d’ailleurs sa femme, Natalie, qui nous a suggéré d’essayer, en voyant à quel point on s’entendait bien et qu’on avait une vraie connexion sur le plan musical ! Et elle a eu raison, puisque nous en sommes déjà à notre deuxième album. Ça fonctionne bien, je crois, non (rires) ?

Oui et ça vient du fond du cœur ! Pourtant, au départ, nombreux étaient ceux qui pensaient que ça ne pourrait pas durer entre vous, surtout avec vos agendas respectifs… Lorsqu’un projet parallèle comme celui-ci voit le jour, les musiciens disent généralement : « Oui, il y aura une suite ! » Mais il y a rarement un deuxième album…

Oui, c’est étrange. Souvent, quand un projet parallèle démarre, il y a beaucoup d’excitation et d’enthousiasme, mais, une fois que les musiciens sont vraiment dedans, comme des soldats qui entrent dans une tranchée, qu’ils réalisent l’ampleur du travail, certains abandonnent. Faire un album, ce n’est pas que du fun, c’est aussi énormément d’investissement et de boulot au, quotidien. Parfois, les attentes sont trop élevées ou irréalistes, et ça peut être démoralisant. Mais, heureusement, avec Adrian, on ne se pose pas trop de questions. Si on ressent l’inspiration, on fonce. Tant qu’on a cette énergie et cette envie de créer, on continue, peu importe ce qui se passe à l’extérieur. Ce qui compte avant tout pour nous deux, c’est d’être satisfaits artistiquement, d’avoir du succès de façon « interne ». Et après, en dehors, c’est à toi de prendre le relai de défendre notre travail si tu l’as apprécié.

Tu parles de travail, mais pourtant, en écoutant l’album, on a l’impression que tout est facile et fluide. C’est assez surprenant quand on sait à quel point le niveau de jeu requis est élevé…

Oui, mais c’est ça, le défi principal pour Adrian et moi. Personne n’a envie d’écouter un morceau et de sentir que ça a été une galère à enregistrer. L’idée, c’est justement de donner cette impression de facilité, même si, en réalité, il y a énormément de travail derrière. Quand tu arrives à transmettre cette sensation d’aisance, c’est là que tu sais que tu as réussi quelque chose.

Enfin pas toujours… Pour des artistes comme Lou Reed ou Leonard Cohen, on veut justement entendre la lutte et la souffrance !

Oui, c’est vrai, tu as raison. Très bonne observation. Mais je crois que nous sommes dans une autre démarche (rires).

Encore plus que sur le premier album, on sent des touches de blues, de soul et une musique qui fait appel aux émotions, aux émotions profondes… Mais ce qui ressort avant tout, c’est une vraie chaleur, une joie de partager !

En effet. Pour nous, quand on joue ensemble, on ne réfléchit pas trop. On prend les morceaux un par un, et, au bout du compte, le seul critère c’est : est-ce qu’on aime ce qu’on a fait ? Si la réponse est « oui », alors on sait que ça vaut le coup d’être partagé. On ne peut pas prédire ce qui va plaire aux autres, donc on ne cherche même pas à le faire. Tant qu’on ressent quelque chose et qu’on est inspirés, on sait qu’on a une chance que ça touche aussi d’autres personnes.

Tu as joué avec lui en acoustique au Grammy Museum (l’interview de Richie s’est tenue deux jours après, le 7 mars). Honnêtement, comment as-tu vécu cette expérience ? Ce n’est pas quelque chose que tu fais si souvent.

J’ai quand même un peu d’expérience en acoustique, tu sais (Richie semble un poil vexé) ! J’ai fait des tournées acoustiques en solo en Europe, juste moi et ma guitare. Mais c’est vrai qu’avec Adrian, on n’avait jamais vraiment exploré ça tous les deux avant le Grammy Museum. Et, honnêtement, ça a été une expérience très gratifiante. Le public a été super réceptif. Je vais faire attention à ce que je dis, je ne voudrais pas que ce soit mal interprété, mais, hum, j’ai presque préféré ça à l’électrique ! En acoustique, je me sens vraiment à l’aise en tant que chanteur. Il n’y a pas de Marshall qui hurlent derrière moi, pas de cymbales qui explosent… Dans cet environnement, je peux vraiment me concentrer sur ma voix. J’aimerais vraiment en faire plus à l’avenir.

Comme je l’ai dit à Adrian il y a quelques jours, vous êtes les bienvenus en France…

Mais oui, comme au Forum de Vauréal où j’ai joué l’an dernier… Promis, si on peut, on le fera !

Comment décidez-vous qui commence un solo ou qui chante telle ou telle partie ? Vous tirez à pile ou face, jouez à chifoumi (rires) ? Sur certains morceaux, c’est Adrian qui démarre, sur d’autres c’est toi, et puis vous alternez sur les refrains. Le résultat paraît si naturel…

C’est une bonne question, on nous la pose souvent ! Comment décide-t-on qui joue quoi, à quel moment ? En réalité, ça se fait tout seul, de manière très évidente pour nous. On ne passe pas des heures à en discuter, on ne débat pas en permanence, ça tombe sous le sens. Nos voix sont différentes, donc cela paraît logique qui doit chanter telle ou telle partie. Pour la guitare, c’est pareil. On essaie des tas d’idées. Si ça marche, on garde. Sinon, on teste autre chose. Tout se fait dans un état d’esprit très détendu, sans pression.

Si je t’avais dit, dans les années 80, que toi, gamin rentrant de l’école en écoutant un album de Maiden, tu finirais par enregistrer un jour avec l’un de leurs guitaristes… tu l’aurais cru ?

Oui, c’est complètement surréaliste ! J’y pense souvent, surtout quand je regarde la pochette de l’album. Voir mon nom à côté de celui d’Adrian, c’est une sensation étrange… Je me dis : « Sans déconner ! Je collabore vraiment avec Adrian Smith ? » Mais, en même temps, comme je l’ai dit au début, on est devenus amis avant tout. N’allez pas croire que je suis en mode « fanboy » en permanence (rires)… J’ai fini par, disons, m’adapter à cette réalité. D’ailleurs, aujourd’hui, il y a moins de mystique autour des artistes. Avec les réseaux sociaux, on a accès à tout, tout le temps. Avant, les musiciens semblaient presque inaccessibles, il y avait un vrai mystère autour d’eux. Depuis internet, c’est différent…

Cela dit, tu as joué avec tant de sommités que tu dois être plus ou moins vacciné, non ?

Tu sais, j’ai eu la chance de rencontrer pas mal de musiciens qui m’ont énormément influencé, et certains sont même devenus des amis. C’est quelque chose de vraiment cool. Avec le temps, tu réalises que toutes ces personnes que tu idéalisais quand tu étais gamin restent des musiciens incroyables, mais ce sont aussi des gens comme toi et moi. Bien sûr, certains arrivent encore à garder une part de mystère, mais de manière générale, comme je l’ai dit, avec Google, je peux pratiquement tout savoir sur eux en un clic.

Adrian a perdu sa maison dans ces terribles incendies à Los Angeles. Tu n’as pas eu peur, toi aussi ? Ça devait être effrayant…

On a vécu quelque chose de très similaire dans notre quartier. On a dû évacuer et on n’a pas pu rentrer chez nous pendant un mois. Cette fois, on a eu énormément de chance. Je pouvais voir les flammes depuis ma piscine, c’était terrifiant… Mais, heureusement, le vent n’a pas soufflé dans notre direction. On était tout près, assez pour être vraiment inquiets. Ici, dans ces situations, ils coupent l’électricité et c’est déjà bien flippant. Tu te retrouves isolé, sans moyen de suivre l’évolution de la situation. Mais bon, c’est malheureusement devenu quelque chose d’habituel quand on vit dans la région…

Adrian me disait que c’est toujours un problème pour lui : quasiment tout son matériel (ses guitares, amplis ou effets…) est stocké dans un entrepôt en Angleterre afin que jamais rien ne manque pour Maiden. Lorsqu’il t’a rejoint, il n’avait que deux guitares sous la main…

Oui, j’ai vu Adrian jouer sur ses Jackson, mais, honnêtement, je ne saurais pas te dire exactement quelles guitares il a utilisées sur l’album. Ce genre de question revient souvent, mais, la vérité, c’est que je ne fais pas trop attention à ça. Quand je suis en pleine création, je vais vite, je teste des sons, je capte une idée, et j’avance. Je ne prends pas de notes pour savoir sur quelle guitare j’ai joué et à quel moment… Pour moi, ce n’est pas ça qui compte. Ce qui importe, c’est le résultat final. Cela dit, je sais que j’ai utilisé ma Fender Telecaster signature, c’est sûr. Je me souviens aussi avoir joué sur ma Stratocaster signature et sur ma Yamaha Hollowbody. Je ne sais pas exactement à quel point elle est présente sur l’album, mais je l’avais utilisée intensivement sur « Nomads ». L’essentiel, ce n’est pas l’instrument, mais c’est ce qu’on en fait.

Tu n’as jamais été tenté d’attraper une des Jackson d’Adrian ?

Si, bien sûr ! Je l’ai même fait dès le premier album. À plusieurs reprises, je prenais une guitare d’Adrian et je me disais : « Bon, elle est déjà réglée, tout est prêt… autant l’utiliser ! » Et, honnêtement, ça sonnait super. Donc, oui, ça m’est arrivé et c’était plutôt drôle, en fait !

Ça t’a rappelé ton passé, disons « metal » ?

Oui, complètement ! Ça m’a remémoré mes années passées à jouer sur Ibanez.

Pour le reste, tu es plutôt du genre à utiliser du matériel classique, ou tu travailles davantage avec des plugins et des solutions numériques ?

Non, pas vraiment. J’utilise un ampli, tout simplement ! Mon son vient essentiellement d’un Marshall 1959, un modèle à l’ancienne avec quatre entrées. C’est mon ampli principal, et je l’utilise aussi en live. Il est super simple à régler et je trouve toujours facilement le son que je veux. Je n’accroche pas du tout aux solutions numériques. Pour moi, il y a une sorte de fatigue auditive avec ces sons-là… Mon cerveau les perçoit comme quelque chose de désagréable. Honnêtement, ça me donne même la migraine. Du coup, je préfère éviter et rester sur du bon vieux matos analogique.

Tu n’es pas allé au NAMM cette année ? Ce n’est pas loin de chez toi…

Non. J’y allais beaucoup avant, c’était un vrai rendez-vous, presque comme une réunion de lycée où tu retrouves tous tes vieux potes. À l’époque, j’adorais ça, mais cette année, je n’y suis pas allé. Je n’ai pas ressenti le besoin d’y être, il n’y avait rien de particulier que je voulais voir ou tester. Bon, j’ai quand même un peu regretté de ne pas y être allé, mais peut-être l’année prochaine.

C’est aussi l’occasion pour les musiciens de présenter leurs instruments signature, non ?

Oui, bien sûr. D’ailleurs, avec Fender, j’ai eu une super nouvelle cette année. Ma Telecaster signature est dispo partout depuis longtemps, mais la Stratocaster, était plus difficile à trouver. Fender m’a annoncé qu’ils allaient enfin la proposer en commande dans le monde entier, et ça, c’est vraiment génial !

Comme on le sait, Adrian va bientôt partir en tournée avec Iron Maiden, et toi, tu es sûrement en train de préparer quelque chose aussi, que ce soit une tournée solo ou autre. Est-ce qu’il y a une chance de vous voir faire quelques concerts ensemble ?

On en parle sérieusement avec Adrian… Bien sûr, avec Maiden en tournée, c’est une grosse organisation pour Adrian, mais on essaie de voir comment on pourrait s’organiser… Si tout se passe bien, on espère pouvoir faire quelque chose dès le premier trimestre de l’année prochaine.

Surtout avec l’EP, qui contenait des morceaux live… Lesquels, à mon avis, sonnaient encore mieux que sur l’album studio.

Je sais bien et ça arrive souvent ! Parfois, on aimerait pouvoir faire les choses à l’envers : jouer les morceaux en live pendant un an, les laisser évoluer, et ensuite seulement les enregistrer en studio.

Cela dit, on se retrouve quand même dans trois ou quatre mois pour une nouvelle interview sur un autre projet, non (rires) ?

Ahah ! Non, j’ai quelques dates en solo déjà prévues, et j’espère pouvoir en ajouter d’autres cette année. Je suis en train de préparer quelque chose pour l’automne, et si tout s’aligne bien, ce sera sympa. Mais, pour l’instant, ça concerne surtout les États-Unis. Je n’ai rien de prévu en Europe, on y a beaucoup joué l’année dernière, donc je me dis que ce serait bien de faire une petite pause. J’ai des concerts programmés en Californie, et je vais aussi aller au Japon, ça fait un moment que je n’y suis pas allé. Cette année, j’aimerais vraiment me remettre à l’enregistrement. J’espère pouvoir écrire et enregistrer un peu de nouveau.

Ce qui changera probablement demain matin, en consultant ton répondeur, avec quelques nouvelles sollicitations…

Exactement. Et un beau jour, je me réveille avec un nouvel album terminé, quel que soit le projet… Vous me connaissez !  

Un tandem qu'on attend de pied ferme sur scène. © Piper Ferguson

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