SOVIET SOVIET - Le groupe italien expulsé des États-Unis

Olivier Ducruix
11/3/2017

Avec la fâcheuse mésaventure que viennent de vivre les Italiens de Soviet Soviet, les groupes étrangers désireux de tourner aux États-Unis ont peut-être du souci à se faire.
Depuis son élection, Donal Trump a fait de l’émigration son principal cheval de bataille et tente, malgré un premier échec retentissant, de faire passer un décret pour fermer au maximum les frontières nord-américaines. Si pour l’instant certains juges ont réussi à démontrer que ledit décret était discriminatoire, cela ne semble pas empêcher les douaniers américains de faire du zèle. Pour preuve, la (scandaleuse) mésaventure que vient de vivre le groupe italien Soviet Soviet. Alors que ce dernier devait donner plusieurs concerts au festival SXSW (South By South West) et à la fameuse station de radio de Seattle KEXP, il s’est vu refuser l’accès au territoire du pays de l’Oncle Sam, le mercredi 08 mars 2017. Les 3 musiciens avaient pourtant dûment rempli leur ESTA (qui fait office de visa pour certaines nationalités voulant entrer aux U.S.A.), mais cela n’a pas suffit. Pire encore, ils ont été traités comme de vulgaires criminels. Triste de ne pas pouvoir honorer les concerts prévus de longue date et, surtout, choqué par la manière dont s’est fait le refoulement, le trio a publié un communiqué officiel sur sa page Facebook.
« Nous sommes arrivés à Seattle l’après-midi du 8 mars. Nous sommes allés au contrôle des passeports avec notre ESTA et une lettre de notre label américain dans laquelle son directeur déclarait que nous allions faire une série de concerts promotionnels et que nous ne recevrions aucune forme de paiement pour ces spectacles, ainsi qu’une invitation écrite de la part du festival SXSW. Le premier a avoir franchi le contrôle des passeports fut Ale (notre batteur), qui a expliqué à l’officier de police le but promotionnel de notre voyage (…). Par la suite, nous avons tous été rappelés et interrogés individuellement dans 3 pièces différentes. Nous avons fait notre possible pour que les agents téléphonent au propriétaire de notre label américain, mais sans succès. Après presque 4h d’interrogatoire, ils ont rendu leur verdict : ils ont décidé de nous expulser vers l’Italie et de nous refuser l'entrée aux États-Unis. Ils nous ont déclaré immigrants illégaux, même si notre intention était de ne pas chercher de travail aux États-Unis, ni de ne jamais retourner en Italie. Ils ont pris nos empreintes digitales et des photos de nous pour leur dossier. Ils ont confisqué nos portables et nous avons été privés de la possibilité de contacter nos familles et nos proches. Vers 10h30, 2 officiers de prison nous ont fouillés, nous ont menottés et nous ont amenés à la prison dans une voiture de police. Nous avons passé la nuit en prison et nous avons été escortés là-bas comme si nous étions 3 criminels. Le lendemain, après avoir achevé toutes les procédures relatives à la prison (photos, déclaration de bonne santé et signatures), 2 autres agents sont venus nous chercher. Nous avons été fouillés, menottés et encore escortés dans une voiture de police. Juste un peu de temps avant de partir, on a pu récupérer nos portables et nos sacs et nous avons été escortés jusqu'à l'avion. Nous avons été soulagés de rentrer à la maison et de nous éloigner de cette situation violente, stressante et humiliante. Nous avions quitté l'Italie vers les États-Unis avec tous les documents nécessaires, passeports et différentes déclarations dans lesquelles le but de notre tournée était clairement expliqué, confirmant que c'était strictement promotionnel et que nous n'étions pas en mesure de gagner de l'argent ou de recevoir une quelconque forme de paiement. Nous savions que si nous recevions une indemnisation, nous aurions dû demander des visas de travail (…). Nous remercions les gens qui nous ont soutenus et aidés tout au long de cette épreuve. Toutes nos excuses à nos fans, aux propriétaires des lieux, à la radio KEXP et au festival SXWS. »
Même si le caractère promotionnel était avéré (en particulier la prestation du trio pour la radio KEXP), les agents américains en charge de cette affaire ont réussi à démontrer que 2 des lieux où devait se produire Soviet Soviet demandaient un droit d'entrée payant et que cela suffisait pour les convaincre que les 3 musiciens avaient besoin de visas de travail et non d’un ESTA. Une triste histoire qui laisse présager un futur bien compliqué pour les formations indépendantes étrangères désireuses de tourner aux États-Unis…

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