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POGO CAR CRASH CONTROL - Permis de déconstruire

Pogo Car Crash Control n’a décidément peur de rien, encore moins de casser les codes en mélangeant le metal, le punk mélo, le hardcore et la pop, dans un troisième album hétérogène et pourtant d’une cohérence imparable, le tout dans la langue de Molière. « Fréquence violence » risque fort de faire grincer les dents des puristes. Et c’est tant mieux.

 

Votre second album, « Tête blême », est sorti deux semaines après le premier confinement. Comment un jeune groupe se remet de ce genre d’expérience ?
Olivier Pernot (chant/guitare) :
Ce fut une période très difficile, parce que nous nous étions vraiment bien préparés pour cet album. Nous devions commencer par une tournée au Canada d’une quinzaine de jours, nous étions donc hyper excités, et forcément, elle a été annulée. Ensuite, le disque a été reporté plusieurs fois, à chaque fois dans l’espoir que la pandémie ne dure que trois, voire six mois. Ça parait totalement aberrant aujourd’hui, mais à l’époque, personne ne savait combien de temps cette situation allait durer. Tout ça nous a permis de faire beaucoup de promotion sur le Net, en faisant plus de contenu vidéo, des clips, mais aussi des lives : un superbe pour le Xtreme Fest et le Hellfest From Home. Finalement,nous avons limité la casse…

Votre participation au Hellfest From Home en 2021 a marqué les esprits avec ce concert donné dans le magasin Leclerc de Clisson…Qui a eu cette idée totalement improbable ?
OP :
Nous avons rencontré Ben Barbaud (le boss du Hellfest, ndlr) qui nous a dit : « Pogo, il faut que ça joue au Leclerc ».
Simon Péchinot (guitare) :
Nous ne savions pas vraiment où nous allions jouer et lorsque nous sommes arrivés au Leclerc, rien n’était monté. Et puis l’équipe du Hellfest s’est mis au boulot, aidée par les employés du magasin, les caissières, les types qui géraient les stocks… Mais il n’y avait pas de public, donc pas de gens qui faisaient leurs courses. Dommage,cela aurait été encore plus dingue (rires) !

À cette époque, et malgré les embûches de la sortie de votre second disque, aviez-vous déjà commencé à travailler sur le nouvel album ?
OP :
Dès que nous finissons un album, j’aime me plonger dans le suivant très rapidement, pas forcément en composant des morceaux finis, mais plus en trouvant des idées, des trames. Chacun le fait de son côté, car nous avons une manière de bosser très différente les uns des autres. Personnellement, je suis très bureau, j’ai besoin d’avoir des horaires : je me mets devant mon ordi à 8h et je joue de la gratte pour élaborer des maquettes. Toi, Simon, tu es plus dans le jeu de guitare…
SP :
Oui, je mentalise énormément. J’ai parfois des morceaux qui traînent dans ma tête pendant plusieurs mois et je sais que ce n’est pas en jouant à tout prix que je vais trouver une suite…
OP :
Alors que, pour ma part, j’ai besoin de sortir des compositions en quantité, même si elles ne sont pas toutes bonnes. Je suis très « quantité » (rires). Mais ça reste un support de travail qui évolue perpétuellement au fil du temps.

À l’écoute de « Fréquence violence », on a l’impression que vous ne vous interdisez rien, que le metal, le punk mélodique, le hardcore et la pop peuvent très bien cohabiter ensemble sans qu’il n’y ait rien à dire…
SP :
Dans le groupe, nous avons tous des influences très différentes et cela nous a pris du temps pour se mettre à nu sur certains titres, surtout les plus pop.
OP :
Disons que je joue le rôle du gardien de la cohérence. Dans le groupe, je suis sûrement celui qui essaye de mettre le plus de limites possibles quant à cette cohabitation de style ; sans doute parce que j’ai le plus les mains dans le cambouis que les autres, vu que je gère les maquettes. Comme l’a dit Simon, nous avons chacun des influences extrêmement variées, mais nous tenons à ce que tout le monde puisse mettre sa patte, d’où une mixture finale très hétéroclite. Le challenge est donc de garder une cohérence, ce qui n’empêche pas le nouvel album d’être très riche, avec beaucoup de sons et d’arrangements différents. Francis (Caste, producteur/ingé son de l’album,ndlr) nous a d’ailleurs beaucoup aidé pour que l’ensemble soit au final digeste parce que nous sommes arrivés en studio avec des maquettes un peu foldingues ! « Tête blême » était plus facile à gérer : c’était un album très guitare… et tout à fond !
SP :
« Fréquence violence » a été composé aussi dans l’optique du live pour avoir une setlist plus longue et, surtout, avec beaucoup plus de nuances par rapport à notre second album.

N’y-a-t-il pas derrière ce grand mélange de styles une certaine volonté de casser les codes tant au niveau musical que visuel, preuve en est avec vos photos promo, par exemple ?
SP :
En ce moment, on nous décrit souvent comme un groupe de metal qui veut casser les codes, mais ce n’est pas du tout notre objectif de base. Nous voulons juste faire une musique à notre sauce, sans se poser des questions de ce genre.
OP :
Ça nous ressemble de casser les codes, nous ne sommes pas dans le jeu des étiquettes ou monomaniaques dans un délire précis. Pour moi, le plus grand respect que tu peux avoir envers les grands groupes de metal ou du rock, c’est de ne pas faire la même chose qu’eux. Si tu aimes Slayer ou Metallica, n’essaye pas de copier à la lettre leur musique. La meilleure manière de faire avancer le schmilblick, comme eux l’ont fait à leur époque, c’est de proposer autre chose. Alors oui, ça passe de fait par le cassage des codes puisque nous sommes honnêtes avec nous-mêmes en nous inscrivant dans notre époque.
SP :
Depuis le début du groupe, les gens ont eu du mal à cataloguer Pogo, ce qui nous a souvent permis de jouer dans des festivals grand public. Et ça nous plaisait de nous produire devant des mamies ou des familles avec des poussettes pour enfant (rires) ! 

À vos débuts, P3C était rangé dans la case garage rock. Depuis votre seconde réalisation, et encore plus aujourd’hui avec votre nouvel album,on parle d’une métallisation de votre musique. Cette évolution de votre style est-elle due aussi au fait de travailler avec Francis Caste (Hangman’s Chair, Regarde Les Hommes Tomber, Klone, Bukowski…) pour la deuxième fois d’affilée ?
SP :
C’est sans doute vrai car, au début du groupe, nous sonnions très garage rock et nous en avons eu un peu marre, nous voulions aller vers quelque chose de plus metal. On s’interdisait même les palm mutes et en refaire fut un vrai bonheur (rires) ! C’était aussi le moment de remettre du solo dans nos morceaux…
OP :
Il y a même du tapping dans certains titres ! Nos deux premières réalisations (un EP et un album, ndlr) ont été enregistrés au studio Black Box, le fief des Thugs près d’Angers, avec une démarche très Steve Albini pour le rendu sonore, mais avec quand même quelques riffs qui évoquaient par moment le metal. Et puis nous nous sommes dit que ce serait bien d’avoir un son façon stade de foot et c’est là que nous avons pensé à Francis. Il a nous a donc forcément poussés un peu plus dans cette direction. Mais nous restons très ouverts pour travailler avec d’autres producteurs. Par exemple, j’aime beaucoup ce que fait Amaury Sauvé (Birds In Row, It It Anita…, ndlr),qui me fait penser à Kurt Balou – de Converge – dans son approche. D’ailleurs, Amaury, si tu lis ses lignes… Mais bon avec Francis ça se passe tellement bien que nous voulions continuer d’écrire notre histoire avec lui. Il a vraiment compris le groupe.
SP :
Et pourtant, c’est lui qui nous motivait pour essayer des trucs moins metal, comme par exemple placer des chœurs plus pop sur certains refrains.

Le matériel que vous utilisez aujourd’hui a-t-il suivi votre évolution musicale ?
OP :
Je suis passé d’un Princeton Reverb à un EVH, tu vois bien l’écart (rires) ! Au début, nous n’avions que des amplis Fender Deluxe avec la réverbe à fond. Simon avait aussi un Vox. Nous étions totalement dans le vintage. J’ai ensuite découvert le Marshall JMP à l’époque de « Tête blême » et ce fut une révélation, un peu comme un Fender avec du gain. Je joue encore aujourd’hui dessus, mais je viens d’acheter une tête EVH de 50W pour les sons clairs. C’est vraiment un ampli très pratique. Sur scène, j’utilise cet ampli et Simon un JMP, comme en majeure partie sur le nouvel album pour ce qui est des rythmiques.
SP :
J’utilise essentiellement une Gibson équipée de P-94, mais pour l’album, j’ai beaucoup joué sur une Gibson Standard, ainsi que sur une Telecaster. En studio, ce fut une recherche de son pour chaque morceau afin d’avoir le meilleur ampli adapté pour tel ou tel titre : tête Sovtek, Marshall JMP, EVH pour certains titres, une tête de luthier, et aussi pas mal de bidouillages sur Fractal, par exemple pour les grosses réverbes un peu chimiques.
OP :
Pour « Fréquence violence », j’ai utilisé une Gibson Les Paul, d’abord pour le son en rythmique, mais aussi pour le confort de jeu, le claquant des cordes. En live, je joue sur des Fender Telecaster un peu spéciales : pour chacune d’entre elles, j’ai fait enlever par Guitare Garage toute l’électronique, les contrôles, et j’ai mis un unique micro EMG, 80 ou James Hetfield, avec un rendu assez moderne. Je suis gaucher,mais je joue sur un modèle pour droitier… C’est ma petite touche personnelle !

La science-fiction est souvent très présente dans vos paroles, avec des références telles que Philipp K. Dick, John Carpenter… Etpourtant, vos textes rattrapent souvent la réalité…
OP :
Aujourd’hui plus qu’avant, les prédictions de nombreux longs-métrages de science-fiction – et la littérature qui les a inspirés – sont en train de se réaliser, que ce soit dans la technologie, la surveillance… C’était le bon moment pour utiliser toutes ces références SF et autres films de genre des années 80/90, et les confronter au monde dans lequel nous vivons. Je trouve que ça rajoutait un élément pop, au sens pop-art, et un côté plus profond. Si ça peut donner envie à une génération plus jeune de découvrir ces films et ces livres, qui sont assez datés, tant mieux, j’en serais ravi. Et quand tu dis que nos textes rattrapent la réalité, c’est exactement ça. Les paroles de Tu peux pas gagner s’inspirent de Planète hurlante, un film dont l’esthétique m’a toujours beaucoup attiré avec ces chars en feu, cette guerre atomique entre les U.S.A. et l’U.R.S.S. Au départ, ça devait être comme un hommage plutôt fun et au final, après avoir enregistré la chanson, la guerre a éclaté en Ukraine. C’est quand même la première fois depuis l’épisode de La Baie des Cochons, qu’on parle d’utiliser l’arme nucléaire !

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