Artiste évoluant en solo depuis presque 15 ans, Forest Pooky a décidé de s’entourer de musiciens pour réaliser un second album aussi riche que maîtrisé. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © David Basso
Pour les débuts « presque par accident » de l’aventure en solo de Forest Pooky, il faut remonter à 2007, du côté de Brie-Comte-Robert. « Le guitariste de mon groupe a dû annuler sa venue au dernier moment et j’ai tellement eu honte de la situation vis-à-vis de l’organisateur, que j’ai trouvé des musiciens en remplacement. J’ai fait le voyage avec eux de l’Ardèche jusqu’en région parisienne pour m’excuser en personne auprès du programmateur. Afin de prouver ma sincérité, j’ai joué trois chansons, seul sur scène en guitare électrique/voix. Ce fut une véritable révélation. Le choix de l’acoustique s’est imposé par la suite car tu peux jouer n’importe où, dans n’importe quelle situation. Il suffit juste d’être accordé ! » Après avoir créé ou rejoint une bonne dizaine de groupes depuis 1998 (The Pookies, Sons Of Buddha, The Black Zombie Procession, Napoleon Solo…), l’ami Forest s’est lancé dans une carrière solo qui l’a emmené aux quatre coins du globe avec aujourd’hui un nombre impressionnant de concerts. « J’approche les 1200, mais je n’ai pas de plan de carrière pour autant. Ce sont les opportunités et les envies qui m’ont toujours guidé, ce qui m’a permis de jouer en Australie, USA, Finlande, Inde, Auvergne, Rhône-Alpes… des voyages que je n’aurais jamais imaginé faire si je n’avais pas appris à jouer de la guitare. Cela explique aussi en partie l’irrégularité des sorties de mes disques en tant que songwriter solo. J’ai tout de même une vingtaine d’albums studio au compteur tous groupes confondus. Ça demande aussi du temps (il joue actuellement dans Supermunk et Maladroit, ndlr). » Du temps, ce voyageur infatigable en a pris pour réaliser son second album (« Violets Are Red, Roses Are Blue And Dichotomy ») en s’entourant de musiciens avec le désir de faire évoluer son folk rugueux des débuts vers un ensemble plus travaillé, parfois plus pop, et en assumant pleinement ses choix artistiques, quelque part entre The Beach Boys et The Lemonheads pour les références plus ou moins cachées. « Le vrai déclic vient surtout des expériences accumulées et de la liberté d’aimer plus de choses, sans craindre les moqueries de ses pairs. Un exemple est la comédie musicale. J’ai eu la chance de pouvoir me rendre à Broadway et de voir Book of Mormon (un spectacle qui a remporté un Grammy Award en 2012, ndlr). Cela a été un réel tournant dans mon approche artistique et c’est de là que vient ma nouvelle passion pour les voix de tête. Je suis issu de la scène punk, ce sont des références que je n’aurais jamais pu assumer plus jeune. » Preuve que la maturité ne s’apprend définitivement pas, elle s’acquiert… Vous avez trois heures.
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