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Fanalo et Ron « Bumblefoot » Thal : rencontre en accords majeurs

Ils se connaissent depuis plus de 20 ans et ont souvent croisé le fer en toute amitié, y compris sur un des nouveaux titres du Français. Fanalo (Stéphane Alaux) et Ron Thal se retrouvent donc avec chacun un album en approche, « Fanalo », pour le premier, et « Bumblefoot Returns! », pour le second. Entre feeling brut et virtuosité sans esbroufe, ces six-cordistes allumés se rejoignent, tant et si bien qu’une rencontre en mode « conférence » semblait une évidence. Mais, comme leurs doigts sur les cases, une fois lancés, il est quasiment impossible de les arrêter. Qui s’en plaindra ? Nous avions prévu trois pages, il en faudra six…

Fanalo : Ron, peux-tu nous parler du choix de revenir à un album instrumental ? C’est le premier depuis l’époque Bumblefoot, sauf quelques morceaux sur « 9.11 ». Pourquoi revenir à l’instrumental maintenant ?

Ron Thal : En fait, je n’ai jamais voulu faire de la musique instrumentale ! Quand j’ai signé mon contrat avec Shrapnel Records en 1994, ils m’ont dit qu’ils voulaient commencer à produire de la musique avec chant. J’étais ravi, je me disais : « Génial, je vais pouvoir chanter et faire la musique que j’aime. » Je signe le contrat et, là, ils me disent : « Mais d’abord, il faut que tu fasses un album instrumental. » Donc j’ai fait un album instrumental. C’était mon tout premier disque, en 1995. Il y a 30 ans ! Ensuite, j’ai repris le chemin que je voulais suivre, à savoir faire de la musique avec du chant. J’ai grandi avec des groupes de rock et de metal, et c’est ce que je voulais faire. J’ai quand même continué à glisser quelques morceaux instrumentaux dans mes albums, un peu comme Van Halen le faisait avec des intros guitare (Eruption, Spanish Fly…). Mais régulièrement, on me demandait : « Tu referais un album instrumental ? Un EP acoustique ? Un disque dans tel ou tel style ? » Et puis, j’étais très occupé avec les tournées, mes différents groupes, mes propres albums… Jusqu’à la pandémie. Tout le monde est rentré chez soi, et moi, je me suis retrouvé assis sur cette chaise pendant deux ans, avec le plus grand des luxes : du temps. La première chose que j’ai faite, c’est finir un morceau instrumental que j’avais commencé, mais jamais terminé. Je l’ai sorti sur Spotify sous le nom Planetary Lockdown… Titre très recherché, n’est-ce pas (rires) ? Ensuite, j’ai enregistré deux EP acoustiques, avec chant et guitare, que j’ai mis sur Bandcamp. Petit à petit, je me suis dit : « J’ai enfin du temps pour réaliser tout ce que je n’avais jamais pu entreprendre... » Alors j’ai continué à écrire plus de morceaux instrumentaux. Et, en parallèle, je travaillais aussi avec Derek Sherinian sur de nouveaux titres, pensant que ce serait pour le prochain album de Sons of Apollo… Mais, finalement, c’est devenu un tout nouveau groupe : Whom Gods Destroy. Pendant cette période, Art of Anarchy, que je pensais séparé, s’est remis à écrire de nouvelles compos. Et puis il y avait aussi des groupes que je produisais et qui voulaient profiter de ce moment pour enregistrer. Résultat : j’ai écrit, écrit, écrit, mixé, remixé, masterisé, remasterisé… Stéphane rigole parce qu’il sait très bien de quoi je parle : « C’est le mix final. » Puis le lendemain : « Non, ça, c’est vraiment le mix final. » Et encore un jour après : « Cette fois, c’est le mix final final final ! » Bref, l’album était terminé en juin 2023. Mixé, masterisé, prêt à sortir. Mais, au même moment, Whom Gods Destroy était aussi fini. Pareil pour Art of Anarchy. Et, en plus, j’étais en train d’enregistrer le troisième album de The Dodies, mon groupe préféré que je produis, « Floating In Limbo ». Donc, je me suis retrouvé avec dix autres artistes et trois labels en attente. Alors, soit je leur disais d’attendre et je sortais mon propre album, soit je mettais mon projet en pause pour finaliser et sortir ceux des autres. J’ai choisi la deuxième option. J’ai donc mis mon album en stand-by et je me suis concentré sur la sortie de Whom Gods Destroy, puis sur le prochain album de The Dodies et enfin sur le troisième album d’Art of Anarchy, avec Jeff Scott Soto au chant. Qui, d’ailleurs, est aussi sur l’album de quelqu’un d’autre… Mais je ne sais plus qui (rires) !

Fanalo : « Fanalo », je crois (rires)…

© Alexandre Laurent

Je vous rappelle que je fais un peu office de juge. La question était toute simple : pourquoi un album instrumental, sans chant ?

Eh bien, ça faisait 30 ans… Mais j’ai enfin eu l’occasion de le faire. C’était un projet que j’avais en tête depuis longtemps, quelque chose que je me promettais de réaliser un jour, si l’occasion se présentait. La pandémie m’a offert cette opportunité, alors je me suis lancé. Mais une fois cette période terminée, tout s’est accéléré et j’ai été à nouveau débordé. C’est ce qui explique pourquoi l’album a mis autant de temps à voir le jour. Mon objectif dans la vie, c’est aussi de me consacrer davantage à l’enseignement ou à des projets qui ne tournent pas uniquement autour de la scène. Donc, si je vais animer plus de stages de musique et ce genre d’événements, ce sera plutôt dans cette direction, plutôt que de simplement monter sur scène comme d’habitude. Là, je pourrai enfin simplement jouer. Je n’avais plus de nouvelles compositions instrumentales à interpréter, donc, en avoir de nouveau, c’est aussi une bonne chose pour l’avenir. Pour un prof de guitare, c’est quand même essentiel.

Fanalo : On a appris que Vigier allait arrêter la production de guitares. Tu travailles avec Patrice depuis presque 30 ans, je crois. Comment envisages-tu la suite ? Est-ce qu’il continuera peut-être à travailler avec toi ? J’ai lu dans Guitar Part qu’il voulait continuer à collaborer avec des artistes. Comment vis-tu cette situation ?

Je suis triste de voir Vigier arrêter la production, parce que ce sont des guitares fantastiques. Mais je comprends totalement Patrice Vigier. Avant tout, je l’aime en tant qu’être humain, en tant qu’ami ! C’est comme de la famille pour moi, depuis des décennies. Ce qui compte le plus, ce ne sont pas les guitares, c’est lui. Donc, peu importe ce qu’il décide pour lui-même, tant que c’est bon pour lui, je le soutiendrai à 100 %. Il a mon soutien total dans l’arrêt de Vigier. Après tout, il a fait ça pendant 40 ans, et c’est énorme. Il a offert au monde des guitares incroyables. Et, oui, on en a parlé. Il m’a dit qu’il continuerait à fabriquer des doubles manches pour moi. Donc, je ne vais pas chercher une autre marque, je reste avec lui. Tant que je jouerai de la guitare, je jouerai avec des Vigier.

Sur ces bonnes paroles, le moment est venu de changer de rôle, Ron à toi de jouer…

Ron Thal : Quelle est la dernière musique que tu avais enregistrée avant cet album ? Et quand t’es-tu dit : « C’est le moment de faire mon album » ?

Fanalo : Le dernier album que j’ai enregistré et sorti, c’était « Hijack » avec Plug-In. Et c’est assez vieux, puisqu’il est sorti en 2010, je crois. Mais on avait commencé à bosser dessus en 1999, donc il nous a fallu environ 11 ans pour le terminer. Je pense qu’on a mis beaucoup trop de temps avant de le sortir, parce que Mobo (Frédéric Motte) et moi, nous voulions qu’il soit parfait. Mais, en France, on dit souvent que « le mieux est l’ennemi du bien », tu vois ? L’album était excellent, la musique aussi. Et on avait des invités incroyables, comme Monsieur Ron Thal ici présent (rires), Patrick Rondat, Christophe Godin, Andy Timmons ou Mattias Eklundh… Mais, au moment où il est enfin sorti, il était trop tard. Pourquoi ? Parce que la vie… Parce que Mobo et moi n’étions jamais vraiment synchronisés pour avancer dessus en même temps. On a tourné un peu, pendant deux ou trois ans, en essayant de le promouvoir. Mais, même si beaucoup de gens étaient intéressés par notre musique à l’époque, je crois qu’ils ont fini par trop attendre. Et entre-temps, Internet et Spotify avaient tout changé. Après ces quelques années de tournée, j’étais épuisé, perdu, et surtout occupé avec mon travail à l’école et dans le cinéma. J’avais besoin de faire une pause et de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire avec la musique. J’ai commencé à jouer pour le plaisir dans des groupes de reprises. J’ai monté un tribute à Iron Maiden, puis un autre dédié à Van Halen, mon héros absolu. C’était génial, j’ai fait ça pendant quatre ou cinq ans. Mais, petit à petit, j’ai réalisé qu’il y avait encore trop de choses que je voulais explorer avec ma propre musique. À ce moment-là, j’avais l’impression de devoir choisir : entre le rock progressif et le blues rock, entre la musique électronique et le heavy metal, entre des morceaux chantés et des instrumentaux. J’ai essayé plein de choses, mais rien n’aboutissait vraiment, parce que je ne trouvais pas ma propre direction. Puis, en février 2019, j’ai eu l’opportunité de jouer dans un festival de tribute bands près de chez moi. J’y ai joué avec mon tribute Iron Maiden le vendredi, puis avec le Van Halen le samedi. Et à la fin du concert du samedi soir, j’ai eu un déclic : j’en avais marre ! Marre de jouer des reprises. C’était comme être avec une femme qui pense à un autre mec… Tu joues du Maiden, tout le monde trouve ça cool, mais au fond, tu sais que ce n’est pas à toi, que ce n’est pas ta musique. C’est du fake… Ce soir-là, j’ai pris une décision radicale : j’arrêtais les reprises, j’arrêtais de jouer en live. Je voulais me recentrer, rentrer chez moi et composer ma propre musique, dans mon home studio. Ce qui aurait pu être un gros tournant est finalement devenu un non-événement… Parce que, deux semaines plus tard, le confinement est tombé. Tout le monde s’est retrouvé à faire exactement ce que j’avais décidé de faire, avant même que ça devienne une obligation.

Ron Thal : Donc, en fait, tu as commencé ton confinement avant tout le monde ?

Oui, exactement… J’étais déjà en confinement avant le confinement (rires) !

Ron Thal : Ils ont confiné le monde entier parce que tu as arrêté de jouer des reprises ?

Voilà ! Je suis le patient zéro (rires) ! À ce moment précis, j’ai ressenti quelque chose de très fort : je me fichais complètement de ce que les gens allaient penser, de ce qu’on attendait de moi. Est-ce que je devais choisir une direction précise ? Franchement… fuck off ! J’allais faire ma musique, à ma manière, avec mon petit matos, et on verrait bien. Je n’avais aucun objectif précis, aucun plan de carrière. Juste une envie : finir des morceaux. Les mettre en ligne. Et les laisser vivre leur propre vie. Alors j’ai commencé à bosser sur quelques titres. Un morceau, puis deux, puis trois… Et c’était cool, vraiment intéressant, parce que chaque chanson était très différente. Mais, malgré tout, ça restait moi. On reconnaissait ma patte, mon univers. J’ai commencé à faire écouter tout ça à quelques personnes. Et certains m’ont dit : « C’est intéressant, tu devrais vraiment aller au bout et le faire sérieusement. » Même mes morceaux chantés n’avaient encore pas le moindre arrangement final. C’était juste de la musique, brute. J’ai commencé à sortir quelques singles. À la base, Plug-In n’était pas censé être un groupe instrumental. On voulait un chanteur, mais on n’était pas d’accord. On n’avait pas les mêmes goûts ni la même vision de ce que devait être notre singularité. Certains voulaient partir dans un délire plus fusion, plus expérimental, alors que, moi, j’étais clairement dans le rock pur et dur : Van Halen, Whitesnake, ce genre de trucs… On n’a jamais réussi à trouver un terrain d’entente, alors on est devenus un groupe instrumental un peu par défaut. Mais, en bossant sur ma musique, je me suis dit : « Et si, au lieu d’un seul chanteur, je travaillais avec plusieurs ? » J’avais sept morceaux prêts, pourquoi ne pas collaborer avec sept chanteurs différents ? Comme ça, chaque voix collerait parfaitement à chaque titre. J’avais trois morceaux de hard rock vraiment puissants, et je me suis posé la question : « Quels sont les chanteurs que j’admire le plus dans ce style ? » Trois noms me sont immédiatement venus en tête : David Coverdale, Glenn Hughes et Jeff Scott Soto. Et c’est là qu’un truc étrange est arrivé. Un nouveau groupe de « jeunes musiciens » venait de débarquer : Sons of Apollo. Et il réunissait cinq de mes plus grandes idoles… Non seulement Ron, mais aussi Mike Portnoy à la batterie, Derek Sherinian aux claviers, Billy Sheehan à la basse et surtout Jeff Scott Soto au chant. J’étais scotché. C’était le groupe de mes rêves ! J’ai commencé à t’écrire pour te dire que je cherchais des chanteurs et te demander si tu connaissais quelqu’un qui pourrait correspondre à mes morceaux. J’ai mentionné quelques noms, dont Jeff Scott Soto, et là, tu m’as dit : « Pourquoi ne pas lui demander directement ? » Je t’ai répondu : « Oh, je ne sais pas si c’est possible… » Et, là, tu m’as juste dit : « Attends une minute ! » Deux ou trois minutes plus tard, Jeff m’écrivait : « Hey, t’as un morceau pour moi ? » On a commencé à discuter des conditions de travail ensemble. À la base, je n’avais absolument pas prévu de bosser avec lui, et, franchement, je ne pensais pas avoir les moyens de le contacter. Mais dès le lendemain, il m’a dit : « Peu importe. Tu es un ami de Ron, tes morceaux sont super, je vais le faire avec ce que tu peux me proposer. » Là, j’ai répondu : « OK, génial, allons-y ! » Et lui : « D’accord, quel morceau veux-tu que je chante ? » Et moi : « Les trois. On fait les trois ! » Travailler avec lui, c’était un rêve devenu réalité. Il était ultra pro, plein d’âme, et incroyablement rapide. Tout comme c’était génial de travailler avec mes autres invités, Butcho Vukovic, Tom Smith, Christophe Ithurritze ou Julien « Djul » Lacharme…

Ron Thal : Alors, parle-moi du matos que tu as utilisé sur cet album. Comment as-tu obtenu ces sublimes sons de guitare ?

Quand j’ai commencé à bosser dessus, je n’avais que mon ordinateur – celui que j’utilise en ce moment pour parler avec vous –, deux enceintes de monitoring Yamaha HS7, mes guitares (on va en parler !) et un Line 6 Helix. Je me suis dit : « OK, il faut arrêter de pleurnicher parce que tu n’as pas de préamplis de rêve ni de micros hors de prix. Je vais faire avec ce que j’ai ! » Et finalement, ça a été le cœur du projet. Tous les sons de guitare, les meilleurs morceaux, les meilleures prises de jeu sur l’album, je les ai faits avec le Helix. J’ai pu tester plein d’approches différentes, et ça m’a permis d’explorer mon jeu et ma musique sous un autre angle. Je pense même être devenu plutôt bon dans l’utilisation de ce truc. Côté guitares, j’ai utilisé ma Fender Stratocaster Custom Shop et ma Telecaster. Et, le plus drôle, c’est que, même si on n’entend presque pas la Telecaster en solo sur l’album, c’est probablement la guitare que j’ai utilisée le plus. Elle est sur presque tous les morceaux, parce qu’elle apporte une vraie dynamique organique, elle donne de la vie aux titres. J’adore aussi les Charvel, et, aujourd’hui, ce sont mes instruments principaux.

Deux belles brochettes

À croire qu’ils se sont donné le mot, les deux musiciens débarquent tous deux en mode all-star !

Fanalo frappe fort avec un casting en or ! Son album est un véritable laboratoire d’expérimentations, avec une dream team vocale taillée pour le grand frisson. Jeff Scott Soto (Malmsteen, Journey, Sons of Apollo…) met sa puissance au service de morceaux ciselés, sur Hate For Sale, New Found World et Die To Live, Butcho Vukovic (Watcha, Pleasure Addiction, Showtime) envoie du lourd sur Stone Cold Cynical, Tom Smith et Christophe Ithurritze viennent compléter ce quatuor vocal explosif sur Isolation, pour le premier et Rise, pour le second.

Ron Thal a lui aussi convié des pointures qui feraient frémir n’importe quel manche à six cordes. Brian May (Queen) illumine Once in Forever, Steve Vai se déchaîne sur Monstruoso, tandis que Guthrie Govan propulse Anveshana dans une autre galaxie. Ajoutez à ça Derek Sherinian aux claviers et Jerry Gaskill (King’s X) à la batterie, et vous obtenez un line-up aussi explosif qu’une supernova prête à faire trembler l’univers.

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